
Production de lait et de fraises bio à Ouroux dans le Beaujolais
Installé dans un domaine de plus de 250 ha, acheté en 1876 par la famille Riboux à Ouroux dans les Monts du Beaujolais à 550 m d’altitude, Philippe Garnier élève à lui seul 70 vaches Prim’ Holstein et Brunes des Alpes dont 45 sont traites tous les jours par un "robot". Son lait, produit en agriculture biologique, est bien valorisé. Il cultive également des fraises qu’il vend directement au client à la ferme ou en magasins de producteur. Rentabilité, respect de l’environnement, temps dégagé grâce à la robotisation de la traite ... Tout cela contribue au bon équilibre de sa vie d’agriculteur.
Quelles sont vos productions ?
Je produis entre 250 000 et 300 000 litres de la lait bio par an que je revends directement à la coopérative Sodiaal, coopérative agricole française spécialisée dans la transformation de produits laitiers (Yoplait, Candia, Entremont, ...). Je cultive également des fraises : 10 000 pieds de fraises de saison (mai-juin) et entre 500 et 1000 pieds de remontantes (août-septembre). J’ai choisi la Sonata pour son parfum et sa sucrosité phénoménale !
Comment vos vaches sont-elles nourries ?
Elles sont nourries à l’herbe des prairies et au foin l’hiver. Je ne suis pas autonome en fourrage et dois donc en acheter une partie. A la place de l’ensilage maïs, je pratique le mélange multi-espèces : luzerne, céréales, .... L’été, mes vaches parcourent souvent plus d’un km pour aller pâturer. Elles reviennent à l’étable deux fois par jour pour la traite.
Un mot sur votre «robot de traite» ?
J’ai décidé d’investir dans un robot de traite afin de m’affranchir de l’obligation de traire mes vaches deux fois par jour. Grâce à cette machine, ce sont les vaches qui viennent quand elles en ont besoin. La production de lait reste identique à celle d’une traite classique. Je peux contrôler la quantité de lait produit par vache mais aussi enregistrer les défaillances. C’est un gros investissement mais c’est une choix qui me libère du rythme imposé par les traites et du temps pour ma vie familiale !
Votre lait et vos fraises bio se vendent-ils bien ?
Je valorise mon lait autour de 0,46-0,47 euros le litre et jusqu’à 0,50-0,51 euros en octobre-novembre. Cela représente une différence de plus de 30% par rapport au lait conventionnel (payé entre 0,30 et 0,35 euros le litre). C’est Sodiaal qui nous a poussés à passer au bio. Avant, le prix du lait bio était indexé sur celui du lait conventionnel, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Concernant mes fraises que je cultive également en bio, je travaille avec les Groupements d’achats de producteurs et les AMAP. Je vends à la ferme plus de 50% de ma récolte ainsi qu’à Mâcon et à Cluny avec différents magasins bio : La Vie Claire, Satoriz, Saveur Nature, ... Je me suis mis en relation avec Stolons longs pour retrouver des variétés de fraises adaptées à leur terroir.
Le bio vous a-t-il conquis ?
Avec le bio, il faut davantage débroussailler et réapprendre à utiliser la barre de coupe ! Mais on s’y retrouve du fait que notre lait est bien mieux valorisé. Certes, on produit un tout petit peu moins mais on économise en supprimant l'achat des produits chimiques de synthèse. Et les produits bio que j’achète chaque année ne représentent que 100 euros de dépense. Alors qu’est-ce qui pousse nos éleveurs à ne pas se convertir au bio ? L’âge certainement ... On ne change pas si facilement ses habitudes, passé la cinquantaine et puis on veut aussi montrer que l’on travaille et que l’on fait propre pour désherber ! Donc on traite tant et plus ... J’ajoute que, depuis ma conversion au bio en 2017, je retrouve des insectes que je ne voyais plus (abeilles, bourdons, papillons, ....). De plus, mes terres ne sont pas polluées comme en plaine, les produits comme le glyphosate ayant toujours été épandus de manières parcimonieuse. Enfin, si j’étais resté en conventionnel, je n’aurais pas pu embaucher quelqu’un.
Comment qualifiiez-vous la qualité de votre lait ?
Mes vaches sont essentiellement nourries à l’herbe l’été et au fourrage l’hiver. Sur le plan nutritionnel la qualité est au rendez-vous même s'il est vrai que la lactation est moins stimulée du fait que je n’utilise pas de tourteaux de soja ou de colza. L’hiver, je gère plus facilement la répartition protéines-glucides-lipides de mon lait, car c’est moi qui surveille leurs rations de fourrage et de compléments alimentaires. L’été, au pré, elles mangent ce qu’elles veulent, ce qui rend bien plus variable la répartition des nutriments du lait. Le fait d’être en agriculture biologique limite à trois traitements (antiparasitaire, antibiotique, antimamite) par an et par vache. Je traite les problèmes de parasites avec une solution à base d’ail que j’applique sur le dos de mes vaches et soigne en général à l’homéopathie.
Y a-t-il un lien entre votre production de lait et de fraises ?
Oui, le fumier de mes vaches sert d’engrais pour mes fraisiers. J’ajoute du compost ainsi que de la chaux car mon sol est un peu trop acide (substrats cristallins et non argilo-calcaire).
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