Production de fruits à la ferme des Presles à Pollionnay (69)
Michel Jasserand est arboriculteur à Pollionnay, commune située à 500 m d'altitude sur les premiers contreforts des Monts du Lyonnais. Il nous fait déguster ses dernières Malwina, fraises tardives à cueillir avant la fin du mois de juin.
Avec un climat de moyenne montagne, des pluies moyennes (700 mm/an) et des terrains granitiques et siliceux, la ferme des Presles, qui surplombe la rivière du même nom, réunit toutes les conditions pour cultiver du petit fruit mais aussi des pêches, des pommes et même du kiwi. Nos ancêtres ne s’y étaient pas trompés. Ils occupaient la partie orientale du plateau lyonnais afin d’y développer un maraichage diversifié. Ces terres polyvalentes, très rares en Auvergne-Rhône-Alpes, ont permis de perpétuer jusqu’à aujourd’hui la culture de fruits et légumes de qualité.
Les deux dernières semaines ont été généreuses en soleil, ce qui donne à notre fraise, en plus d’être exempte de tout pesticide de synthèse, un goût particulièrement savoureux et sucré. Si l'abondance de pluies peut rendre la fraise moins goûteuse, l'adaptation de la variété au terroir, la pratique stricte d'une agriculture biologique et une vente effectuée sur les marchés 24h maximum après cueillette garantissent au fruit une fraicheur exceptionnelle, optimisant ainsi la qualité nutritionnelle du fruit (vitamine C, B9 et antioxydants, ...).
Les plants sont traités avec de l’extrait de consoude pour renforcer le plant et de la purée de rhubarbe pour éloigner les pucerons. Michel, formé à la phytothérapie, fait quand même remarquer que les fraisiers sont plus fragiles qu’autrefois. Lorsqu'il a commencé il y a trente ans, cultiver la fraise ou la framboise était bien plus simple. "Même les variétés anciennes sont moins costaudes qu’avant !" précise-t-il. Parce qu’on ne replante jamais des fraises derrière des fraises, dont la longévité est de trois ans, M. Jasserand diversifie ses cultures et alterne avec la plantation d'autres petits fruits rouges (framboises, groseilles). Concernant les fruits à noyau, la pêche est bien plus délicate à cultiver en «pur» bio. Plusieurs passages à la bouillie bordelaise (cuivre et soufre) sont nécessaires afin de la préserver du mildiou.
Sur le plan économique, la ferme s'en sort plutôt bien. Seuls deux saisonniers sont appelés à temps plein lors des grosses récoltes des mois de mai et juin. Le fils aîné de Michel prendra bientôt la relève. Mais sa posture de producteur AB le taraude : «On devrait être payé pour ne pas polluer alors qu’on doit payer pour avoir la certification bio !».
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