
La ferme Adiard, située au pied du massif du Vercors, produit depuis quatre générations la fameuse noix de Grenoble AOP. Sur plus de 15 ha de vergers, les noix de Franck Adiard sont depuis un an labélisées Agriculture Biologique. Elles sont également certifiées GLOBALG.A.P. : "respect des bonnes pratiques agricoles en terme de protection de l’environnement et de sécurité alimentaire". Une aubaine pour ce fruit à coque déjà très prisé pour ses qualités santé.
Après 15 ans de métier dans l’environnement, Franck Adiard a suivi des études d’agriculture (BPREA) avant de reprendre la ferme familiale. S’il travaille désormais bien plus qu'en bureau d’étude, son choix est néanmoins bien arrêté. Il aime son métier de nuciculteur et l’environnement qui va avec. Le plaisir de retrouver le village de son enfance s’ajoute au plaisir d’être agriculteur.
Le gros du travail se situe entre fin septembre et fin décembre, moment où l’on ramasse, nettoie, fait sécher et conditionne les noix. C'est à partir du mois de janvier que la taille reprend. C’est aussi le moment où l’on retire les arbres morts. Puis les mois de février, mars et avril sont consacrés à la replante de nouveaux arbres.
Les noix atteignent leur taille définitive avant le mois de juillet. Même si depuis 2-3 ans, les été sont très secs et les noix ont du mal à arriver à maturité. Après elles ne font que murir. La récolte s’effectue à l’aide d’une secoueuse qui, comme son nom l’indique, fait vibrer chaque arbre pour faire tomber ses noix. Franck Adiard préfère passer plusieurs fois pour éviter de secouer l’arbre trop fort d'un seul coup. Bien pratique cette machine ! Quand on pense qu’autrefois, on utilisait des gaules pour faire tomber les précieux fruits. Une fois récoltées, les noix sont lavées à l’eau potable puis passées dans un séchoir qui chauffe les noix par en-dessous pendant 3 jours. Il est hélas difficile de partager le matériel durant la récolte car tout le monde l’utilise en même temps !
Franck Adiard se dit «petit producteur». Il est vrai que, comparé aux «grands» qui récoltent environ 500 tonnes de noix par an, il ne produit chaque année que... 30 à 35 tonnes soit 2,5 tonnes/ha. Son exploitation est labélisé bio depuis un an. Ses parents cultivaient quant à eux la noix en agriculture conventionnelle. La conversion a débuté en 2016 et la labélisation obtenue en 2019. Il utilise des engrais organiques, procède à un désherbage mécanique et utilise des produits naturels comme le sulfate de cuivre contre les champignons et un insecticide contenant un virus spécialisé pour lutter contre le carpocapse, principal ravageur du noyer qui peut provoquer jusqu’à 30% de perte de récolte. Le sol est également préservé. Pour Franck Adiard, l’idéal pour le noyer est de bénéficier d’un sol équilibré, aéré et vivant. Il redonne donc au sol la matière organique prélevée par le taillage des branches mais aussi les coques de noix vides. Ses vergers ne ressemblent d’ailleurs plus du tout à ceux de ses parents. Des fleurs qu'il ne voyait plus depuis très longtemps se remettent à pousser !
Le label AB est une chose, mais la ferme Adiard est aussi soumise au cahier des charges de l’’appellation d’origine protégée Noix de Grenoble créée en 1938. Elle impose une aire géographique définie sur trois départements : Isère, Drôme et Savoie ; un calibre de noix supérieur ou égal à 28 mm ; des vergers répertoriés auprès de l’I.N.A.O. (Institut National des Signes de Qualité) répondant à différentes normes : densité des plantations, irrigation, ramassage des fruits à maturité. De plus, 3 variétés de noix sont autorisées pour la production de noix de Grenoble AOP : la Franquette, la Mayette et la Parisienne. Cette dernière se reconnait entre toutes car ... elle tient debout ! La zone de production de la noix de Grenoble s’étend sur 259 communes (183 en Isère, 47 en Drôme et 29 en Savoie), les vergers sont situés entre plaines et collines, entre 150 et 800 mètres d’altitude.
A eux deux, les deux labels bio et AOP noix de Grenoble garantissent une belle dynamique de croissance des fruits, une richesse de sol et un espacement des arbres alors mieux exposés à la lumière, facteur de grande valeur nutritive pour la sève de l’arbre, une certain calibre de fruit, une absence de produits chimiques de synthèse. Ces facteurs conditionnent les qualités santé de la noix qui favorise : l’élasticité des vaisseaux sanguins et le maintien d’un taux de cholestérol sanguin normal grâce à ses nombreux acides ; alpha-linolénique (oméga 3) ; une forme physique et un ralentissement du vieillissement cellulaire grâce à un apport très important en minéraux et vitamines ; une vitalité de l’ossature et de la dentition, grâce au magnesium et au phosphore ; allutte contre le stress oxydant grâce au cuivre et au manganèse ; un bon transit intestinal grâce aux fibres qu'elle contient.
L’objectif de Franck Adiard n’est pas de s’agrandir mais de diversifier sa gamme et donc de transformer davantage ses produits, afin de développer ses ventes dans les épiceries fines, les magasins bio et de producteurs. Faire un peu plus de valeur ajoutée, quoi. En plus de ses noix entières et des cerneaux, il produit déjà des noix apéritifs, des noix caramélisées, de l’huile de noix. A propos de cette huile, les cerneaux sont aujourd’hui moins chauffés - autour de 100°c - ce qui rend l’huile plus douce. Car si l’on chauffe les noix c’est bien pour donner du goût à l’huile. 2 kg de cerneaux de noix donnent 1l d’huile. La ferme Adiard fait presser ses noix chez «Belle Huile», huilerie située à St Hilaire du Rozier. La noix se mange aussi fraiche au moment de la récolte. «Elle est très amère, il faut alors lui retirer sa petite enveloppe qui part toute seule. Elle se garde alors très peu de temps, un peu comme un fruit frais». Une fois séchées, elles pourront en revanche se garder plus d’un an à température ambiante.
Santé-Goût-Terroir